Matt Mahlen

Chartamahlen

Pour le dessin de presse, j’avais écrit ce texte. Je crois qu’il reste valable même si je ne fais presque plus de dessin d’actualités.

La chartamahlen

  1. Aucune image produite ne peut être utilisée à des fins publicitaires ou promotionnelles.
  2. Toute image est une construction précise, à la fois indépendante et reliée à un contexte. Toute modification de l’image (même infime) et tout déplacement de celle-ci doit faire l’objet d’un accord de l’auteur puis d’un avis au lecteur (lisible juste à côté de l’image voire mentionné dans l’ours).
  3. Une image est cédée pour un projet précis. Aucune image ne fait l’objet d’une cession pour tous droits de reproduction ou de représentation, tous autres droits restent réservés.
  4. Toute image pour être imprimée doit avoir reçu l’aval de l’auteur. Un exemplaire du document produit est alors systématiquement adressé à l’auteur par le demandeur d’images.
  5. Les images de l’auteur n’ont pas un but décoratif, elles tentent d’avoir une autonomie et un contenu précis. L’auteur ne travaille donc pas à la commande, il est seul à déterminer la nature de sa création (il vous sera généralement proposé des images finies et aucun croquis ne sera adressé au préalable).
  6. L’auteur est demandeur et prend note des indications générales (but et destination de la publication, nombre d’exemplaires imprimés, rôle(s) et emplacement(s) de l’image), esthétiques (trait, légèreté, couleur vive&) et techniques (date butoir, moyen d’impression, taille, définition de l’image&) qui accompagnent le souhait d’images. Cherchant au moins à les honorer et tentant toujours d’en faire plus, l’auteur sera amené à vous demander le respect de vos engagements.
  7. L’auteur, travaillant régulièrement avec la presse différente et le milieu associatif, partage la philosophie du don et du copyleft (libre reproduction de l’image pouvant être accordée aux structures partageant les buts de l’auteur sous réserve de : non vente, mention offert par et nom de l’auteur). L’auteur revendique la juste rétribution du travail effectué, lutte contre la précarité de la profession et pour la mise en valeur du rôle social de l’artiste.
  8. L’auteur ne travaille pas en concurrence avec d’autres artistes. Il envisage les rapports avec ses interlocuteurs sous l’angle de la coopération et du respect mutuel.

Motivations

Ce ne sont ni les sept péchés capitaux, ni les douze travaux d’Hercule et encore moins les oukazes d’un quelconque Politburo ou autres édits d’un Savonarole de l’art et du journalisme mais simplement quelques bases minimales pour travailler en bonne intelligence avec Matt Mahlen et rechercher ensemble une création de qualité, une solidaire coopération et une honnête radicalité.
 
Mais il s’agit d’autant de gardes-fous face aux libéralités prises par les uns (l’édition et le journalisme mainstream) et aussi par les autres (le grand fourre-tout associativo-alternatif) à l’égard de l’image (et, du même coup de l’artiste).
 
Que ce soit au nom de l’urgence ou de la rentabilité (c’est peut-être la même chose puisque le temps c’est de l’argent), que la masse d’images entraîne ou non une dépréciation/déperdition de la valeur et de la pertinence de celles-ci, qu’on ne dépasse pas une vision de l’image limitée à la décoration, au redondant, au tape-à-l’œil ou au divertissement  ; tout cela participe au ravalement de façade du monde, à la marchandisation sérielle de l’art, à l’abrutissement publicitaire, à la confusion mentale comme aux équivoques détournements voire aux pires manipulations.
 
C’est ce qui peut aboutir au mépris et au doux asservissement pervers du regardeur et jusqu’à la majorité des acteurs mêmes de la création. C’est une question de responsabilité et de liberté.