C’est mon poème « Mon amour », offert à Gwendolune qui trône tout fier à la 11e borne du sentier des poètes, dans ce lieu fraternel qui, depuis plus de trente ans, rassemble les flibustières et les monte-en vers de la Poésie.
Voici en écho au beau texte d’Anne Certain (2009) mon merci aux par là-bas et à celles et ceux d’ailleurs :
Onzième borne
Ce samedi 6 avril 2019 où le vent efface le bleu et cherche à éteindre le soleil, par un jour bousculé mais pas froid, avec la pluie en embuscade et une palanqué de poètes habillés en marcheurs. Durcet, capitale de la poésie. Neuf kilomètres de pâtures, de murets bossus, de poèmes, de pièges boueux, de branches cassées, de mots envolés, de poèmes, de ruisseaux déguisés en chemins, de primevères infinies, de sentiers aux cours cachés , de poèmes, d’arbres blessés, de bois aux cabanes, de champs barrés de barbelés, de poèmes, avec des vestes fluos, des sourires de retrouvailles, des cœurs blottis, de poèmes, et des verts à foison, des rires partagés, des pas dans les phrases, de poèmes en balises silencieuses, des souvenirs dans les ornières et la sarabande amicale qui s’étire dans le bocage, de poèmes qui irriguent le pays, se cachent dans les bosquets ou s’affichent comme des euphorbes, se coulent dans les creux, de poèmes et mille horizons, le vol du geai loin des moissons, des longères de poèmes de stations païennes de toits rouges comme les joues pincées et les retrouvailles éberluées, de poèmes, ces ponts petits comme trois pierres, des vaches tristes et bien peu d’enfants, de poèmes chacun son petit sac sur le dos et parfois le cul sur la mousse ça tourne et revient sur le haut du bourg de poèmes insolents sous un château qui se taisait sur les passants, envoyant promener les chemineaux de poèmes. Et le mien. Un poème d’amour, un peu comme toujours, déclamé debout sur le bas-côté, à ma belle derrière les nuages et blottie dans ma peau, avec un président photographe tout dévoué tout autour qui saisit tout l’instant et prends mes vers tout dans ses bras, souffle qu’il est beau mon poème et la troupe n’est pas là, elle vient, elle écoute qui sait un quatrain , un haïku, un sonnet marchant là-bas dans le paysage et mon poème comme un bonjour que parfois on entend, comme un au revoir qui s’en défend, le refrain du coucou qui nous vient, tiens une petite fake news à Briouze le chemin pris à rebours je passe en coup de vent et garde l’odeur de l’herbe pour Paris on m’offre ici encore une place sur mesure, une attention belle comme violette et voilà l’Yves de Marinette qui reviendra dans mon poème pas à pas, à vous tous et toutes je pense souvent tout bas. Je me souviens de la rivière qui va. Là-bas.
Matt Mahlen