Matt Mahlen

Le réfugié médiatique

Land-art & In-situ

Mannequin grandeur humaine en papier journal DNA, un travail réalisé en résidence au CRIC, Strasbourg.

Voici une des pièces d’un travail in-situ qui sera entièrement déployé dans la ville de manière anonyme mais juste accompagné d’un communiqué de presse.

Le reste de l’oeuvre est constitué de 100 silhouettes grandeur nature en papiers journaux collés. Ces personnages reproduiront des mouvements et positions observés dans la rue. Ils sont les traces, les ombres des errants, le passage des apatrides, les peuples des zones grises, les figures sans visage des chiffres et des rapports. Ce ressac médiatique qui, en disant nie et en répétant oublie, est un bruit qui couvre les noyades, les morts des déserts, les brimades et blessures aux frontières et surtout, cette main dans la main des polices et des bandits pour empêcher notre semblable de chercher le bonheur, d’aller ailleurs. Cette installation porte donc attention aux fuyards, aux transparents, aux refusés et exilés en les faisant apparaître en papier déchiré de nouvelles toujours périmées sur nos murs. Elle s’appuie sur les travaux d’autres artistes (Jose Luis Verdes, Niki Giannari #, Julio Cortazar...), elle se réfère à Hiroshima et les ombres sur les murs, aux disparus des dictatures sud-américaines, aux victimes du colonialisme, à celles et ceux qu’on invisibilise. C’est une création combinant poésie et image, et comme pour une grande partie de ma démarche artistique, c’est une action qui s’inscrit dans l’espace public. C’est une préoccupation qui, en quelque sorte, poursuit les travaux réalisés pour la revue Marginales *.

* Les dépossédés, figures du refus social, n°3/4- hiver 2004/2005, Agone, Marseille/Forcalquier.

# Passer quoi qu’il en coûte, G.Didi-Huberman et Niki Giannari, 2017, Ed.Minuit, Paris.